petit texte selon l'inspiration du moment

voilà ce que mon humeur morose m'a inspiré. Rien qui casse trois pattes à un canard, mais ça m'a fait du bien d'écrire, et du coup, ça va un peu mieux (je précise, je n'ai pas relu et je l'ai écrit d'un jet, donc, c'est sûrement plein de fautes).

Humeur interdite

Ce matin, comme tous les matins, je me suis levée et j’ai bu mon café en regardant par la fenêtre. Le paysage semblait différent. Pourtant, je la connaissais par cœur, cette traînée de brume qui s’étire sur les arbres avant de s’en aller pour laisser passer le soleil, ces couleurs orangées du matin qui pointe. Mais ce matin, ce paysage n’avait pas la même saveur. De ces débuts de matinées sucrées, douces et pleines de promesses, il ne restait plus que l’ombre. Ce matin, le tableau qui se déroulait devant moi avait un goût de moisi et une odeur de renfermé.

Cette nuit, alors que seule la lune accompagnait mes sombres pensées, j’ai commis l’irréparable. Je me suis retournée, et j’ai regardé. Je n’ai pas jeté un œil, non, j’ai scruté, observé, analysé… et j’ai vu. Je suis revenue en arrière sur ma vie et tel un inspecteur des impôts en train d’éplucher une déclaration douteuse, j’ai scruté ma vie, mes actes, mes paroles. Si, dans l’ensemble et à vue de nez, tout paraît plutôt lisse et sans bavure, de près, il me semble que ma vie est un nid de bactéries, certaines plus virulentes que d’autres.

Après une longue et douloureuse introspection, j’en suis venue à la conclusion que justement, ma vie est plate et sans saveur. Une succession d’actions et de réactions qui, au final, n’ont servi qu’à remplir mes journées. Le bilan est lourd à mes yeux : mes actions n’ont jamais rien eu d’assez audacieux pour réellement changer quelque chose d’important, des talents inexistants et aucune vocation qui engendrerait le bien, pas d’aptitudes supérieures qui pourraient aider d’une quelconque manière. Bref, une vie bien inutile.

Bien sûr, tout le monde ne peut pas avoir la bonté de sœur Emmanuelle, l’intelligence des chercheurs qui luttent contre le cancer, le phrasé d’un grand philosophe ou l’instinct héroïque d’un sauveteur. Certes, mais ais-je l’impression, dans ma vie, d’avoir réellement aidé les autres ? Leur ais-je apporté quelque chose d’autre qu’un bouquet de fleurs ou une bouteille, à l’occasion ?

La vie m’a pourtant donné une belle boule de terre glaise à façonner. Au lieu d’en faire une statue digne de ce nom, je me retourne et ai l’impression d’en avoir juste fait un tas informe. Il y a bien deux petits personnages, sculptés à la perfection, magnifiquement décorés. La chair de ma chair, mais justement, ma chair seulement. Que leur ais-je apporté à ces merveilles ? Les ais-je vraiment équipé pour devenir de bons sculpteurs ? Je n’en n’ai pas l’impression. Un peu en arrière dans ma vie, j’ai pu voir de quelle manière j’aurais voulu façonner ma terre glaise, et je me rends compte que mes deux personnages, s’ils sont aussi beaux que dans mes rêves, n’ont pas la solidité que j’aurais voulu leur donner.

J’ai commis des erreurs. Parfois, j’ai baissé les bras. Souvent, je me suis relevée, mais j’ai perdu de la hauteur. Ce matin, mon humer à raz le sol et ce paysage remplit de solitude et d’amertume ont fini de me décider.

Equipée d’une vieille ceinture de cuire et d’un tabouret, après avoir déposé ma tasse à café dans l’évier de la cuisine, je suis sortie dans la fraîcheur du matin. En pénétrant la pénombre de la grange, j’étais sereine et décidée.

Je me suis aidée du tabouret pour grimper sur les bottes de foin et atteindre la poutraison. En passant, je me suis demandé comment il était possible, après presque deux décennies soumises à l’humidité, que ces bottes de foin soient encore intactes. Interrogation bien inutile et déplacée dans un moment pareil. J’ai passé la ceinture par-dessus la poutrelle après avoir fait une boucle assez large.

C’est à ce moment-là, que j’ai compris. J’en étais incapable ! Aussi pitoyable et pathétique soit elle, ma vie était à moi, et à moi seule. Certes, j’avais conscience de ne pas en avoir fait quelque chose d’extra-ordinaire, mais personne d’autre ne pouvait la vivre à ma place. Je ne pouvais pas la balayer ainsi, parce que même si elle est pourrie, j’y tiens, à cette chienne de vie ! Même si elle est insignifiante, j’ai le devoir de la vivre, du mieux possible. Je le dois à tous ceux qui ne pourront jamais le faire, à ceux qui ont été assassinés, à ceux dont la maladie volera des années, à ceux qui n’ont jamais pu voir le jour.

Alors, j’ai détaché la ceinture, et l’ai jetée. Je suis rentré chez moi. Dans la cuisine planait encore les dernières effluves de café. Alors, j’ai remis en marche la machine à café, et devant ma fenêtre, j’ai recommencé la journée. Le paysage avait retrouvé toute sa superbe, les rayons du soleil caressaient les montagnes et les oiseaux criaient leur joie de vivre. Aujourd’hui allait être une bonne journée.

C'est peut-être un jet mais je trouve ca superbement bien écrit. On ressent quelque chose en te lisant...

merci miss !

Oui, je trouve ça bien écrit aussi !

Bon, c'est pas évident de commenter un texte personnel car je suppose qu'il y a une partie de toi là-dedans. En tout cas, j'ai sentis mon coeur s'accélérer douloureusement dans ma poitrine lors des derniers paragraphes pour finir par être envahie de soulagement à la fin.
Ce n'est pas bourré de fautes comme tu sembles le penser, il y en a deux-trois bien cachées & aux premiers abords, on n'y fait pas attention puisqu'on est plongé dans la lecture. Si ça, c'est un premier jet, une esquisse, une ébauche de texte, je ne veux même pas savoir ce que tu fais quand c'est travaillé parce que ce texte-là est absolument magnifique. Très bien écrit, les mots sont choisis avec soin, les images & métaphores utilisées rendent le texte encore plus réel. Vraiment, pour un texte écrit un peu sur un coup de tête, inspiré par une humeur, ça casse bien trois pattes à un canard.
J'ai eu l'impression que le temps s'arrêtait, qu'il se mettait en pause, quelques secondes durant. Lorsque l'aube se pointe, que la brume est encore présente, que la maison est calme, encore endormie, l'odeur du café est venue me chatouiller les narines, je m'y suis crue comme qui dirait.
J'ai adoré ton texte Che', il est empreint de beaucoup de sentiments & tu as réussis à nous les transmettre, je trouve ça fantastique. Merci pour le partage ♥

Aunbrey a écrit:

ça casse bien trois pattes à un canard.

O.o

Ben quoi, j'ai repris l'expression de Che' & je me la suis appropriée ^o^

Mdr' Je vois ça ^^'

merci les filles, et merci pour ton commentaire Aun'. Et pour tout avouer, il est excessivement rare que je sorte un texte retravaillé, parce qu'en fait, je déteste me relire, souvent, si je relis un texte, je trouve ça affreux et j'ai envie de tout changer pour, au final, me retrouver avec à nouveau une page blanche, lol.

Ah, je connais parfaitement ce sentiment. J'ai horreur de me relire. Que ce soit pour mes dissertations ou pour n'importe quoi d'autres. Et ça me porte souvent préjudice puisqu'il manque des mots ^^'. Mais bref', cet écrit est très bien comme il est Che' =]

Pour les commentaire, rédac ou autre (les trucs du lycée quoi xD) Je me relis jamais non plus ^^'